RACINES
ORIGINES & TRANSMISSIONS
Exposition de l’artiste Pascaline Bossu à Zivasart Gallery
C’est par la transmission et le partage, la capacité de redonner après avoir reçu,
en une longue succession de dons et d’échanges, que se sont construits ces liens
qui nous unissent à nos origines.
En représentant les membres de sa famille de son arrière-arrière grand-mère
jusqu’à sa fille, l’artiste Pascaline Bossu illustre ce phénomène de passation
intergénérationnel. Transmissions génétiques, ressemblances, traits de caractère,
apprentissages, histoires de vie et passé caché, forment et influencent
la personnalité du nouveau venu dans la filiation.
Cette collection de portraits est un hommage
de l’artiste envers ses ancêtres et plus généralement un hymne à la vie.
Le culte des ancêtres est sans doute le plus ancien et le plus universel,
présent sur tous les continents, en Orient comme en Occident,
en Afrique et dans le Pacifique. Il est l’origine des premières croyances :
Celles de la conscience intuitive, de la reconnaissance de la survie de l’âme.
Pendant la période de carnaval, le peuple fait la fête, revêt une nouvelle identité
en renouvelant des rîtes païens. Durant la première semaine, selon
les croyances populaires, les morts sont vénérés pour que leurs âmes se libèrent.
La dévotion aux ancêtres est une apologie de la vie triomphante :
il est question pour les vivants de se reconnaître dans la continuité de ce qui
a été transmis de génération en génération afin de poursuivre et d’enrichir
cette transmission et de contribuer à la perpétuation de notre énergie vitale.
En habillant ces ancêtres français de costumes traditionnels grecs,
l’artiste leur offre une nouvelle histoire de vie. En fonction de leurs expériences
et de leurs vécus, Pascaline Bossu leur a choisi un costume qui correspond
à leur personnalité. L’artiste crée ainsi un lien entre la culture française
et la culture grecque, et met en valeur l’histoire qui unit les deux pays.
Ces costumes inspirés de la collection du Musée Benaki, symbolisent
pour l’artiste le patrimoine familial que l’on se transmet au fil des siècles.
L’idée d’un bien commun qui par sa qualité matérielle traverse les âges,
est en opposition avec notre société de consommation qui pollue par sa
surproduction et son « tout jetable ».
Les broderies des costumes sont de véritables œuvres d’art,
les tissus et les bijoux sont d’une grande qualité : fils d’or, motifs brodés de
toutes les couleurs, fourrures, dentelles, soie, or et argent sculpté… Aujourd’hui
nous retrouvons tous ces métiers d’art dans les collections de la haute couture
réservé à une élite. La différence essentielle avec le costume traditionnel
est qu’il est certes un habit de fête, de mariage mais il reste un bien populaire.
La mise en valeur de ces costumes d’une autre époque, invite à une réflexion
sur nos vêtements modernes. La plupart utilisent des cotons OGM et une main
d’œuvre surexploitée ; en regard, les ateliers de filature, de confection,
de fabrication de la soie, de broderie, les techniques d’ornementations
pratiquées par les familles ont pratiquement disparu en Europe.
L’artiste expose une série de neuf portraits. Les personnages prennent la pose
de face, immobiles, ils offrent leur image avec sérénité où le temps est suspendu,
comme lors des clichés en noir et blanc du début du 20ème siècle, à l’inverse
des selfies contemporains.
Oliviers, forêts et platanes les accompagnent et les entourent de leurs rides,
racines, écorces, univers magique et éternel. Leurs branches se brandissent
comme des doigts de sorcières, leurs troncs s’imposent comme de vieux sages.
Ils nous rappellent la puissance de la nature et le respect que l’on se
doit de lui vouer, si nous voulons poursuivre notre chemin sur terre.